Mourir pour vivre

(Editions Jérôme Do Bentzinger)

Préface de Jacques Salomé

« J’ai  beaucoup apprécié les enseignements contenus dans le livre de Jacqueline-Marie Ganter. Je l’ai trouvé émouvant, concret, ouvert sur les interrogations essentielles qui doivent traverser tout être humain en souffrance, en difficulté de santé,  ou simplement en désir de mieux-être.

C’est le récit d’un accompagnement de vie, au moment le plus crucial, celui qui suit la découverte d’une maladie grave, envahissante et qui se révèle souvent aliénante.

Je crois que je pourrais dire de Jacqueline-Marie Ganter que c’est une passeuse de vie au sens profond du terme, c’est à dire qu’elle permet au travers d’une co-naissance d’accéder à sa propre vérité et aux enjeux cachés d’une existence.

Ce qu’elle propose avec une grande simplicité, une évidence sereine au travers d’un accueil, d’un regard, d’une écoute active et d’une pratique cohérente conscientisée de propositions tant relationnelles que symboliques, permet à l’autre d’établir des reliances entre les événements de sa vie et de son histoire, et le surgissement d’une violence physique, d’une mise en maux ou d’un dysfonctionnement.

En rappelant les bases d’une communication relationnelle autour de demander, donner, recevoir et refuser, elle propose  une véritable réconciliation avec le meilleur de soi et avec celui d’autrui. Elle sait travailler patiemment à la libération de l’énergie vitale et à son réinvestissement dans les actes du quotidien en permettant de mieux utiliser ses ressources comme ses limites.

En apprenant à respirer, à nourrir de vie chaque geste, chaque parcelle du corps, elle relance le mouvement infini, intemporel de la vie. Elle sait aussi que la véritable écoute est celle qui permet à celui qui parle d’entendre enfin ce qu’il dit, ce qu’il crie avec les multiples langages du corps.

Ce qui m’a paru le plus pertinent dans cet ouvrage, c’est la cohérence des propositions, que je pourrais appeler soins relationnels essentiels, qui seraient à offrir à toute personne en difficulté de santé, affrontant une maladie, une mise en maux. Propositions permettant non seulement d’accéder au sens d’une maladie mais de soutenir les traitements classiques, les phases de détresse, les interrogations et les peurs qui surgissent dans l’irruption d’une agression physique, d’un dysfonctionnement vital ou d’un accident grave.

J’ai apprécié  les qualités des métaphores, des propositions symboliques qui traversent les pages de ce récit et qui sont offertes non seulement à Thomas, le personnage principal de cette aventure, mais à chacun de nous. En effet dans tout ce qu’il y a d’unique dans son histoire, nous pouvons reconnaître l’universalité de la nôtre. Nous assistons à une renaissance, même si la mort est au bout. Jacqueline-Marie Ganter ne fait pas de miracle.

Le livre ne se termine pas par un happy end, mais sur la confirmation d’une réalité : celle que nous sommes tous mortels, mais que nous pouvons mourir plus vivant que nous avons vécu, dans toute la plénitude de nos sens et du respect de nous-mêmes.

Accompagner la vie chez ceux qui vont la quitter pour leur permettre de se  rencontrer est l’occasion d’une belle leçon de vie, que l’auteur nous donne en nous rappelant que guérir, c’est souvent passer d’une fidélité aux autres à une fidélité à soi-même, une des fidélité les plus difficiles à respecter… »

Extraits

« Je lui fais remarquer que recevoir se situe au niveau du cœur et dans ce que j’en ai entendu, chez lui la tête s’en mêle : c’est comme s’il se servait d’un mixer pour faire son repassage. Il y a une confusion des fonctions et une inadéquation des utilisations. ...De plus, si je ne reçois rien, je ne vais pas pouvoir donner.

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« Nos pensées constituent une extraordinaire énergie. Autant elles sont subtiles, «filant entre nos doigts», autant elles sont puissantes. Une fois émises, elles s’inscrivent dans notre servomécanisme qui les reçoit comme des ordres à exécuter...

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Il nous faut manipuler les pensées avec beaucoup de prudence, de discernement, ne pas laisser des «mines anti-personnelles» se déposer en nous....»

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« Demander c’est tenir compte de tes besoins, c’est faire quelque chose pour toi.

Si tu ne demandes pas, tu choisis la frustration. »

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« Le processus de combat est celui par lequel on tente de faire disparaître «l’énergie-maladie». Le processus de guérison est celui par lequel on tentera de transformer cette dernière en énergie de Vie, de santé. Dans un cas, nous agissons par l’oppression, la domination ; dans l’autre par l’apprivoisement et la transformation. »